Les instants modernes - 2022-23, Galerie LJ, Paris
Julien Primard trouve dans le béton un ancrage fort qu’il développe de la rue comme support, à la toile comme sujet.
L’intensité des espaces urbains désertés dévoile la brutalité de l’absence, ou plutôt de l’invisibilité, de l’absence de visibilité : une question existentielle pour l’artiste, dont les personnages, projections de lui-même, ne cessent d’interroger son auteur. Faut-il rester invisible et anonyme, et ainsi jouir d’une forme de liberté, ou bien se découvrir au grand jour ? La question se posait déjà lorsqu’il pratiquait le graffiti. C’est une question qui aujourd’hui le taraude, entre son métier de designer accompli et la pratique de la peinture, qui l’appelle irrésistiblement à lui consacrer plus de temps. Pour la première fois dans ses peintures, ces deux positionnements s’affrontent : le peintre à visage découvert engage un débat avec le graffeur anonyme. Tomber le masque, au sens propre comme au figuré, avec un clin d’oeil aux années Covid solitaires qui viennent de s’écouler, c’est toute la question que Primard se pose à lui-même dans son travail, dans un décor emprunt de références à l’architecture moderne qu’il aime tant et qui l’entoure dans son quotidien entre Toulon et Hyères. Ici la Villa Noailles, là la Fondation Maeght, ou encore les pépites architecturales qu’il déniche lors de ses promenades en famille sur la presqu’île de Giens ou sur le chemin du travail à Toulon.